Le laboratoire Boehringer Ingelheim a remporté l’appel d’offres lancé par l’État français, en avril dernier, pour la fourniture de 80 millions de doses de vaccins contre l’influenza aviaire à destination des palmipèdes. Et ce, pour la première campagne de vaccination des canards. L’ensemble des palmipèdes de chair et ceux destinés à la production de foie gras seront obligatoirement vaccinés. L’administration du produit aux canards reproducteurs, en revanche, relèvera du volontariat. Pour cette première, l’État s’engage à financer 85 % du coût global, les 15 % restants revenant aux professionnels. Le budget global est estimé à 96 millions d’euros pour 62 millions d’animaux.
Thomas Delquigny…
Le laboratoire Boehringer Ingelheim a remporté l’appel d’offres lancé par l’État français, en avril dernier, pour la fourniture de 80 millions de doses de vaccins contre l’influenza aviaire à destination des palmipèdes. Et ce, pour la première campagne de vaccination des canards. L’ensemble des palmipèdes de chair et ceux destinés à la production de foie gras seront obligatoirement vaccinés. L’administration du produit aux canards reproducteurs, en revanche, relèvera du volontariat. Pour cette première, l’État s’engage à financer 85 % du coût global, les 15 % restants revenant aux professionnels. Le budget global est estimé à 96 millions d’euros pour 62 millions d’animaux.
Thomas Delquigny, vétérinaire, responsable technique aviaire du laboratoire allemand Boehringer Ingelheim.
Boehringer Ingelheim
Vous avez remporté l’appel d’offres de l’État français pour fournir 80 millions de doses de vaccins contre l’influenza aviaire à destination des palmipèdes. Où en êtes-vous de la livraison de ces doses ?
La commande nous impose une fourniture des vaccins, pour cette première campagne de vaccination, en trois phases : 40 millions de doses au 15 septembre, puis le reste au 15 novembre puis au 15 décembre. Actuellement, les premiers 40 millions ont été acheminés sur la plateforme logistique désignée par l’État français, près de Rennes, les deux autres livraisons sont en cours.
Où ce vaccin a-t-il été fabriqué ?
Il a été fabriqué dans une usine du groupe au Mexique.
Pourquoi au Mexique et pas dans votre centre d’excellence à Lyon ?
Toute notre gamme aviaire est effectivement fabriquée à Lyon, mais il se trouve que le vaccin contre l’influenza aviaire est un produit que nous commercialisons depuis 2014, pour les Gallus (un milliard de volailles vaccinées), dans d’autres parties du globe (Moyen-Orient et Égypte) et notamment en Amérique latine, d’où une production sur un site mexicain. Afin de pouvoir répondre au mieux aux exigences de dates de la commande française, nous avons préféré produire le vaccin sur la chaîne qui maîtrise la technologie.
Peut-on imaginer plus tard un rapatriement de la production à Lyon, pour des raisons de commodité et des raisons écologiques ?
Je n’ai pas de réponse à ce stade, mais il y a des réflexions en cours au sein de Boehringer Ingelheim pour les raisons que vous évoquez.
Quelles sont les caractéristiques de votre produit ? Comment est-il administré ?
Les données fournies à l’Anses nous ont permis d’avoir une indication pour les trois espèces : canards mulards, canards de Barbarie et canards Pékin. Le vaccin est administré en élevage, par voie sous-cutanée sur des animaux à 10 jours puis à 28 jours. La logistique est classique, le produit se conservant dans un réfrigérateur, à température entre 2° et 8 °C. Il faut compter 21 jours après la deuxième administration, pour que le canard soit immunisé.
En quoi consiste justement cette immunisation ?
Le vaccin va permettre tout d’abord une réduction des signes cliniques d’influenza aviaire sur l’animal, mais également une réduction de l’excrétion du virus dans l’environnement ainsi qu’une diminution de la capacité du canard contaminé à transmettre le virus à un autre canard. L’animal vacciné va avoir suffisamment de charge virale en moins pour ne pas pouvoir contaminer les autres animaux.
Le vaccin que vous proposez était jusqu’ici dédié aux Gallus. L’Anses l’a déclaré, après expérimentation, très efficace pour les palmipèdes. Et ce, contre tous les variants d’influenza aviaire circulant en France et en Europe ?
L’Anses a confirmé son efficacité contre le virus A (H5N1) de clade 2.3.4.4b, autrement dit celui qui circule actuellement dans le monde et notamment en France. La technologie que nous utilisons a montré aussi son efficacité pour d’autres clades (1) dans d’autres parties du monde. Boehringer Ingelheim est un des leaders sur le vaccin contre l’influenza aviaire et propose une quinzaine de références de vaccins avec des technologies spécifiques adaptées aux différents types de virus et aux particularités de chaque pays.
D’ores et déjà, votre laboratoire travaille-t-il sur des axes de développement de votre vaccin dédié aux palmipèdes ?
Oui, nous sommes en cours de réflexion sur une vaccination en couvoir, car sur ce sujet il y a une demande des filières. Un sujet complexe en termes épidémiologiques mais aussi au niveau de l’administration du vaccin.
Si la France vit comme il y a un an et demi une résurgence du virus au printemps, serez-vous en capacité de produire de nouvelles doses et sous quel délai ?
Il faudra un nouvel appel d’offres, ça ne dépend pas de nous. Et le délai de fabrication est de l’ordre de six à neuf mois. Pour le moment, on se concentre sur cette première vaccination. Notre équipe est très contente de pouvoir apporter aux éleveurs et aux filières une solution en temps voulu…
(1) Groupement d’animaux ayant une origine commune.
Landes : vaccination avec le ministre
Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, sera dans les Landes ce lundi 2 octobre pour le lancement de ce qui est une première en France, la vaccination des palmipèdes contre la grippe aviaire. Un outil complémentaire à la biosécurité dans lequel les éleveurs de canards mettent beaucoup d’espoirs après plusieurs années de crises successives liées au virus et des dizaines de millions de canards abattus en préventif. Les vétérinaires sont à la manœuvre pour la délivrance des doses dans les élevages. Pour cette première semaine, les filières estiment que 108 lots, soit 524 000 canards, devraient être vaccinés dans le Sud-Ouest. Y aura-t-il assez de vaccinateurs ? « Formation et information ont été mises en place par les organisations de production à l’adresse des éleveurs. Certains savent déjà vacciner », souligne Marie-Pierre Pé, directrice de l’interprofession du foie gras, le Cifog. Un plan de surveillance a été érigé : toutes les semaines, une surveillance passive et un relevé des animaux morts seront conduits par les éleveurs et une fois par mois, l’élevage recevra la visite du vétérinaire avec des tests PCR pour vérifier si le virus y est passé. Enfin, sur le front de l’export des canards vaccinés, le travail diplomatique se poursuit. En attendant, le Japon (qui absorbe 10 % des exportations de foie gras français) n’importera que les produits fabriqués avant le 1er octobre 2023…