Cet article a été initialement publié en anglais
Le Premier ministre François Bayrou a ouvert le débat en dénonçant ce qu’il a appelé “une scène stupéfiante marquée par la brutalité et le désir d’humilier”, faisant référence à la prise de bec de la semaine dernière entre le président américain Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
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Quelle stratégie la France et l’Union européenne doivent-elles adopter face à l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie ? Les députés français ont débattu de cette question à l’Assemblée nationale ce lundi soir.
Ce débat symbolique (sans vote final) a eu lieu quelques heures avant que la Maison Blanche n’annonce une pause dans l’aide militaire à l’Ukraine et alors que le président français Emmanuel Macron fait pression en faveur d’un cadre de défense commun de l’UE en réponse au rapprochement éclair des États-Unis avec la Russie.
La stratégie proposée pourrait coûter jusqu’à 200 milliards d’euros au bloc des 27 et pourrait être centrée sur l’arsenal nucléaire de la France – le seul pays de l’UE à posséder ses ogives nucléaires.
Bien que la plupart des députés aient soutenu Kyiv et son dirigeant en difficulté, Volodymyr Zelensky, l’Assemblée nationale est restée profondément divisée sur la stratégie à adopter.
Si les affaires militaires relèvent du domaine réservé du président français, c’est le parlement qui a le pouvoir d’augmenter les dépenses de défense.
Tous les législateurs ont accueilli Vadym Omelchenko, l’ambassadeur d’Ukraine en France, par une standing ovation.
Le Premier ministre français François Bayrou a ouvert le débat en dénonçant ce qu’il a appelé “une scène stupéfiante marquée par la brutalité, la volonté d’humilier“, faisant référence à l’amère prise de bec de la semaine dernière opposant Volodymyr Zelensky et le président américain Donald Trump.
La conférence de presse a provoqué une onde de choc dans le monde entier après que M. Trump et son vice-président, JD Vance, se sont moqués du dirigeant ukrainien et l’ont accusé de ne pas en faire assez pour mettre fin à l’invasion massive de la Russie.
François Bayrou a offert son soutien total à Kiev et a affirmé que l’Europe était “forte” et devait garantir “sa propre sécurité”, à l’heure où les États-Unis retirent leur soutien.
“Nous, Européens, sommes forts et nous ne le savons pas ; nous nous comportons comme si nous étions faibles”, a déclaré le Premier ministre. “Si nous sommes forts, c’est à nous, Européens, de garantir la sécurité et la défense de l’Europe, et avant tout, en cas d’urgence, nous ne pouvons pas laisser l’Ukraine sans défense”, a-t-il ajouté.
De son côté, la figure de proue du Rassemblement national, Marine Le Pen, a convenu que l’Ukraine devait être soutenue, mais que la France devait “garder à l’esprit ses intérêts nationaux“. Elle s’est également opposée à une stratégie militaire commune de l’UE et à l’envoi de soldats français en Ukraine.
Les communistes et LFI se sont opposés à toute augmentation des dépenses militaires.
Toutefois, dans le cadre d’une alliance inhabituelle, les Verts et le Parti socialiste ont approuvé la position du gouvernement sur l’Ukraine et le renforcement du cadre de défense de l’UE.
La présidente des Verts à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, a déclaré que “l’UE s’est trop reposée sur les États-Unis”. Elle a annoncé que son parti était favorable à ce que l’Union devienne “une force politique et militaire”.
Un autre débat symbolique est prévu mardi au Sénat, où les derniers développements sur les efforts de paix, mais aussi la suspension dans la nuit par Washington de l’aide militaire à Kyiv, devraient être discutés.