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Je sais que pas mal d’entre vous vont me reprocher ce titre. Trop accrocheur. Détestable même. Mais franchement, vous ne croyez pas que mes mots sont conformes à la réalité ? Alain Delon, 88 ans, n’est plus que l’ombre de lui-même. Peut-être n’est-il plus, d’ailleurs, capable de se rendre compte, dans sa propriété recluse de Douchy (Loiret) des piteux règlements de comptes familiaux, mis en scène avec délectation par les médias français. Delon fut un ogre pour ses enfants. Il ne pensait qu’à lui. C’est en tout cas la réputation qui fut la sienne, lui l’enfant à l’adolescence tumultueuse, sauvé par sa beauté du diable héritée de sa mère.
Alors, déjà mort le héros de « Plein Soleil », de « Rocco et ses frères », et du « Guépard » ? Presque, oui. Encore plus mort, le vénéneux Jean-Paul, la tête et les seins de Marianne-Romy Schneider posés sur sa poitrine. Delon peut-il encore disparaître en héros ? Pourvu que ses trois enfants légitimes, Anthony, Alain-Fabien et Anouchka, ne se laissent pas contaminer par sa légende fatale.
Depardieu aussi est mort. En tout cas pour moi, l’adorateur des « Valseuses », le film culte de Bertrand Blier que Paris Première vient de déprogrammer. Miou-Miou nymphomane frustrée et enjouée, dans les bras de Patrick Dewaere et de Gérard, l’ogre de Châteauroux, sa ville d’origine. Autre époque. Autres mœurs. Autre façon de conjuguer la liberté. L’histoire est impitoyable quand elle charrie du désespoir, de l’humiliation et des blessures physiques.
La justice dira si notre Cyrano de légende, notre Danton d’anthologie et notre Comte de Monte Cristo miraculé était, hors écran, un vil exploiteur de groupies sous emprise. Je vous dis que Depardieu est mort. Et je ne peux pas m’empêcher d’être infiniment triste devant une pareille fin.
Bonne lecture, et essayons de rester en vie.
(Pour débattre: [email protected])
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