Alors que le ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, Gil Averous, par ailleurs maire de Châteauroux, s’apprête à quitter un gouvernement démissionnaire, le voilà embarrassé par une affaire publiée par le quotidien l’Équipe ce jeudi 5 décembre.
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“La casse auto qui embarrasse le ministre des sports Gil Avérous sur fond de possibles conflits d’intérêts et d’atteintes graves à l’environnement” : le titre de l’article du quotidien l’Equipe est explicité, les accusations claires. Pour résumer l’enquête de nos confrères, Gil Averous, en tant que maire de Châteauroux, aurait fait voter une subvention publique à une casse auto dont il était le “très discret associé et propriétaire des murs.” Cette casse auto a été “épinglée par la Préfecture pour des atteintes graves à l’environnement”.
Ce sont donc deux volets que traite dans son enquête le journaliste de l’Équipe : le possible conflit d’intérêts et les atteintes graves à l’environnement.
Sur le conflit d’intérêts, l’Équipe explique que l’histoire se passe dans la zone de la Martinerie, à quelques centaines de mètres du Centre national de tir à Châteauroux. Alors qu’il est élu maire en 2014, Gil Avérous s’associe avec le conseiller municipal Eric Chalmain et Ghyslaine P. dans une casse auto “CDA 36.”
“Un an plus tard, ils achètent un hangar et son terrain à Châteauroux avenue d’Argenton via une société civile immobilière(SCI). Les deux hommes prévoient d’ouvrir un magasin de pièces détachées automobiles avenue d’Argenton et le hangar de la Martinerie servira au démantèlement et à la dépollution des voitures. En 2017, Chalmain peut finaliser la vente. Mais Gil Avérous en tant que président de la communauté d’agglomération, s’apprête à vendre un hangar à l’associé de sa casse auto par ailleurs conseiller municipal sur sa liste… un fâcheux conflit d’intérêts”, peut-on lire dans l’Équipe.
La veille de la vente chez le notaire, Gil Avérous vend ses parts de CDA 36 et réinvestit la somme dans la SCI EP2G, propriétaire du hangar de l’avenue d’Argenton. Est ensuite votée une subvention publique de 4500 euros en faveur de la CDA 36 à la Martinerie.
Interrogé par France 3 Centre-Val de Loire ce jeudi 5 décembre, Gil Avérous dément en bloc : “C’est complètement faux. On parle d’une subvention de 4 500 euros qui concerne la création de trois emplois subventionnés à 1500 euros chacun pour une société qui s’appelle CDA36 qui est une casse auto, mais dont je ne suis pas actionnaire. C’est une société dans laquelle je n’avais pas de part. J’avais eu des parts auparavant. J’étais co-investisseur entre 2015 et 2017. J’ai été coactionnaire d’une société qui gère une casse auto mais que moi je n’exploitais pas”, affirme le maire de Châteauroux. Et d’ajouter : “Cette situation est juste incroyable. Il n’y a pas eu un euro d’argent public de verser dans l’affaire. Parce que deux ans après avoir reçu cette autorisation de subvention, la société CDA 36 n’avait en fait pas les capacités de se développer comme elle l’avait imaginé. Elle n’a pas créé ces emplois. Elle n’a jamais demandé à percevoir cette subvention et n’a jamais touché un euro. Et quand bien même elle aurait perçu cette subvention, je n’étais pas dans la société. Je l’ai quittée avant.”
En fait selon le journal l’Équipe, c’est parce qu’en août 2019, “le Préfet de l’Indre a fait savoir à Gil Avérous qu’il envisageait de signaler à la justice des faits qui pourraient s’apparenter à une prise illégale d’intérêts que Ghyslaine P, la gérante de la casse auto aurait renoncé à la subvention publique qui avait été accordée par le maire.”
Gil Avérous persiste : “Si la procureure avait vu le moindre élément à mon encontre ou avait eu le moindre doute, elle aurait ouvert une information contre moi.” Il dit avoir porté plainte en 2020 quand l’affaire s’était invitée dans la campagne des élections municipales en 2020. “Un courrier anonyme évoquant des “magouilles” autour de CDA 36 avait alors été glissé dans les boîtes aux lettres à Châteauroux”, confirme l’Équipe.
“C’est clairement une raison politique. Cette affaire ressort à chaque fois que j’ai une avancée dans ma carrière politique. Tout est vérifiable et factuel.” Il ajoute que sa plainte avait été classée sans suite en 2020 à cause des retards pris pendant le confinement. “Je le regrette vraiment parce que je souhaiterais savoir qui est derrière tout ça. Là, je vais demander un rectificatif au journal l’Équipe.”
Le second volet de l’enquête concerne des “atteintes graves à l’environnement”. En février 2019, le bureau de la Préfecture de l’Indre diligente un contrôle du hangar de l’avenue d’Argenton. Selon les informations du journaliste de l’Équipe, ” la casse auto est alors exploitée dans des conditions insatisfaisantes, notamment en ce qui concerne les dépôts de substances polluantes et de déchets et fait porter un risque sur la qualité des eaux souterraines”.
Gil Averous répond que “la casse auto a deux entités sur deux sites différents : celle qui a demandé une subvention sur une autre commune de l’agglo dont je ne suis plus actionnaire et celle située sur la commune de Châteauroux. C’est ce bâtiment qui a été contrôlé.” Il confirme que le contrôle a montré que la casse auto ne respectait pas les normes en vigueur. Et que la société a fait des travaux d’adaptation. “Le contrôle d’après a validé le fait qu’elle s’était mise aux normes”, rappelle-t-il.
Selon l’Équipe, les problèmes environnementaux auraient continué. “Lors d’une seconde inspection en novembre 2019, les inspecteurs pointent la gravité des atteintes avec une centaine d’épaves qui jonchent le sol dans des conditions irrégulières avenue d’Argenton.”
Gil Avérous se considère plus comme une victime que comme responsable de ces atteintes au code de l’environnement. ” Là où je suis mis en cause dans cette affaire, c’est que la casse auto s’est installée dans un bâtiment qui appartient à une SCI. J’ai 33 % des parts de cette SCI. On me dit “Pourquoi vous avez laissé polluer le site ?” Je réponds que je n’ai pas laissé polluer. C’est la société qui exploite, moi je suis la victime. Je suis le propriétaire, mais pas l’exploitant. C’est comme si en tant que propriétaire vous étiez accusé d’avoir laissé vos locataires saccager votre appartement.”
En tout cas, selon nos informations, le microcosme politique local ne comprend pas pourquoi cette affaire ressort aujourd’hui. Y compris chez les opposants de l’époque qui pensent qu’il n’y a pas matière dans ce dossier à poursuivre Gil Avérous pour prise illégale d’intérêts. Aucun d’entre eux n’a souhaité s’exprimer publiquement.
Gil Averous, éphémère ministre des Sports s’apprête à quitter le gouvernement au lendemain de l’adoption de la motion de censure votée ce mercredi 4 décembre à l’Assemblée nationale. Déposée par le Nouveau Front populaire, elle a été votée par 331 députés. Le gouvernement renversé, le Premier ministre Michel Barnier a remis sa démission ce jeudi 5 décembre au président Emmanuel Macron.
Ministre d’un gouvernement démissionnaire, Gil Averous ne sera resté ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie Associative que 74 jours. Il reprend son fauteuil de maire de Châteauroux et président de Châteauroux Métropole. “Je suis extrêmement déçu parce que Michel Barnier est un grand homme d’État qui avait accepté cette mission qu’il savait difficile dès le départ qu’est le redressement de la France”, confie-t-il. Est-il prêt à participer au nouveau gouvernement ? “Si je peux être utile dans un futur gouvernement avec mes équipes, on continuera le travail engagé. Mais ce n’est pas ma personne qui est en jeu, c’est le travail qui déjà a été initié depuis deux mois et l’urgence pour certains dossiers qui doivent vite avancer.”
Il souhaiterait notamment continuer de travailler sur les Alpes 2030, sur l’éthique dans le sport et la féminisation. “J’ai commencé mon tour de France des sports. Beaucoup de choses étaient prêtes et nous sommes déçus de ne pas pouvoir poursuivre tant qu’on ne sait pas comment va être constitué le futur gouvernement.”
Son ultime réalisation aura été la nomination de Marie-Amélie Le Fur à la présidence de l’Agence nationale du sport la semaine dernière.