On n’aurait pu imaginer de meilleur moment que la semaine dernière pour fermer les yeux sur les mauvaises nouvelles en France. Tandis que les médias français et internationaux braquaient toute leur attention sur les déclarations dignes de Trump d’un président Macron qui affirmait ne pas écarter le déploiement de troupes occidentales en Ukraine, un livre est sorti en librairie [À la solde de Moscou, du journaliste Vincent Jauvert, éd. du Seuil].
L’auteur y revient en détail sur l’étendue des réseaux d’espionnage en France du temps de la guerre froide. Ironie du sort, cette même semaine, Macron et les autorités françaises ont reconnu publiquement que la France était l’une des cibles privilégiées des services russes, par le biais d’opérations de piratage informatique à grande échelle et de manipulation des réseaux sociaux, sur des sujets allant du “scandale des punaises de lit” aux élections européennes de juin.
Si l’on y ajoute le fait qu’à l’Assemblée le Premier ministre, Gabriel Attal, a accusé le Rassemblement national – qui disposerait d’une avance de 15 points dans les sondages – d’être des agents de la Russie, le cocktail devient explosif. Et ce parce que le pays, traditionnellement, a toujours été une cible de choix pour la manipulation par les Russes de politiciens, de hauts fonctionnaires et de journalistes.
En 1999, Christopher Andrew, historien de Cambridge, et le colonel Vassili Mitrokhine, un transfuge soviétique, ont publié un ouvrage remarquable sous le titre The Mitrokhin Archive. The KGB in Europe and the West [“Les archives Mitrokhine. Le KGB en Europe et en Occident”, inédit en français].
Un livre stupéfiant, non seulement parce que le professeur était (et est encore) une autorité mondiale sur l’histoire du renseignement, mais aussi parce que Mitrokhine était un officier de haut rang du KGB qui, penda